« Arriba en la cordillera« , composée par Patricio Manns et interprétée par Jorge Diaz (guitare) et Juan-Carlos Caroca (chant) lors d’une rencontre avec le CMTRA, enregistrée à Villeurbanne le 23 mars 2010.

L’auteur, Patricio Manns, chanteur-compositeur populaire et également poète-écrivain de renom, est considéré comme l’un des portes-paroles de la résistance chilienne au régime dictatorial d’Augusto Pinochet, depuis le coup d’État de 1973. Après avoir vécu en Patagonie, au Sud du Chili, où il a vu son père se faire assassiner par la police locale, Patricio Manns se réfugie dans la musique. Réfugié, il l’est également par l’exil qu’il a vécu lorsque, contraint très tôt de fuir la guerre civile, il fait escale à Cuba, puis en France, pour finalement s’installer en Suisse.  Malgré cette distance avec son pays d’origine, les chansons qu’il composera durant cette période résonneront jusque sur le sol chilien et dans le cœur de nombreux combattants et exilés, parmi lesquels Jorge Diaz et Juan-Carlos Caroca. Ce dernier se souvient de sa rencontre précieuse et émouvante avec Patricio Manns, ce jour là il chantait ensemble, à Genève.

Arriba en la cordillera – consulter les paroles originales

La souffrance que suscite l’exil, Jorge et Juan-Carlos l’ont tout deux vécue de façon très différente. Ils se retrouvent cependant pleinement dans une expression musicale qui fait revivre, depuis le sol villeurbannais, leurs engagements politiques ainsi qu’une culture chilienne qui ne les a jamais quittés. A eux-deux ils forment le groupe « Pueblo Latino » au sein duquel ils offrent un répertoire sud-américain interprété au chant, à la guitare, aux flûtes et aux percussions.

« Avec beaucoup de poids dans mon cœur, j’ai quitté mon pays. […] Ma façon à moi de retrouver les miens, c’était la musique » Juan-Carlos Caroca. 

Juan-Carlos est le premier à avoir dû fuir le Chili, dès l’instauration de la dictature en 1974. En passant par la Cordillère des Andes il a rejoint l’Argentine. Deux ans plus tard, il s’installe à Lyon et rencontre beaucoup de chiliens, « tous indirectement camarades de cette mauvaise histoire ». Depuis, il n’est jamais retourné dans son pays natal. Juan-Carlos est flûtiste, percussionniste, chanteur, et a étépendant plusieurs années, président d’une association folklorique chilienne à Lyon.

« On est bien loin de chez soi, mais on est nulle part. C’est tant mieux car on a la planète entière. » Jorge Diaz. 

Jorge Diaz a quitté son pays natal plus tard et a donc connu la dictature et la guerre civile, pendant laquelle il a combattu activement.  Il s’estime aujourd’hui particulièrement chanceux d’avoir survécu à cet épisode et admet qu’il existe différentes manières de vivre l’exil. Lui, ne dit pas souffrir du poids de la culpabilité que peuvent ressentir certains autres exilés ayant combattu : « J’ai perdu la guerre, mais c’est tout« . Et la résistance continue, à travers la musique qu’il considère comme une arme de revendication et de mémoire puissante..

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Pour aller plus loin…
>Jorge Diaz fait le récit de son parcours et chante accompagné de sa guitare au cours de deux enquêtes réalisées en 2010 : 1e enquête / 2e enquête.
> L’article du Rize consacré à Jorge Diaz et au groupe Pueblo Latino.

Visuel: Jorge Diaz et Juan-Carlos Caroca forment le groupe Pueblo Latino. Photo publiée par Le Rize dans le cadre de l’exposition « Musiques! » co-réalisée en 2010 avec le CMTRA