La version que nous vous proposons d'apprendre est issue de l'enregistrement réalisé auprès d'une dentellière de Chalignac, Henriette Usson, par Jean Dumas le 20 juillet 1960. 

C'est une chanson en occitan, dont le vocabulaire utilisé, simple et répétitif est tout-à-fait accessible aux non-occitanophones, adultes comme enfants.

Nous vous proposons plusieurs approches pour appréhender cette chanson.

1 - Autour de la chanson

Les chansons traditionnelles, comme les contes, ont été cataloguées par des chercheurs, en particulier par Patrice Coirault (1875-1959). Le "merle plumé" est une version de la très connue "Alouette, gentille alouette", cataloguée sous la cote générale (appelée chanson-type) : 10304 L'alouette plumée ou Le merle plumé.

Cette chanson a la particularité d'avoir un énoncé en accumulation faisant intervenir les différentes parties du corps de l'oiseau. Cela en fait un élément de répertoire parfaitement adapté à un public jeune, bien qu'il soit tout-à-fait possible d'y voir d'autres significations. En effet, comme toutes les chansons de tradition orale, sa destination première n'est pas enfantine. Le passage du répertoire adulte au répertoire enfantin, servant alors de "conservatoire" peut témoigner de la perte du besoin de l'utilisation ou de la signification de la chanson dans le quotidien. 

Tout d'abord, prenons le sens littéral : l'oiseau est plumé afin d'être préparé et mangé. On peut se poser la question de l'aspect pédagogique du déplumage : ne pas oublier telle ou telle partie du corps.

Dans l'article qui suit, décrivant une version bretonne, vous trouverez d'autres explications : http://dastumla.blogspot.com/2013/12/33-plumons-le-bec-lalouette.html 

2 - les paroles et la musique

Nous vous proposons d'écouter l'archive sonore réalisée par Jean Dumas. On notera les hésitations de la chanteuse, qui fouille dans sa mémoire en même temps qu'elle chante.

La transcription suivante est extraite du livret-CD À quoi tu joues Marie Coco ? - chansons et danses de Haute-Loire pour les enfants de 6 à 12 ans, CDMDT 43, 2018, a été réalisée par Eric Desgrugillers, relue par Jean Roux. Le graphisme a été conçu par Caroline Frasson-Cochet.

On constate tout de suite que la transcription propose une version "normalisée", pour ainsi dire, remise en ordre. Il s'agit d'une proposition permettant de résoudre les hésitations d'Henriette Usson, et de pousser le jeu des répétitions et des accumulations le plus loin possible.

Il est tout-à-fait envisageable de changer l'ordre des parties du corps, d'en enlever ou d'en rajouter à votre guise. 

Voici la version enregistrée par le groupe Quaus de Lanlà dans le CD accompagnant le livret :

Voici à titre de comparaison, une autre version, dont la forme est beaucoup plus courante. On notera au passage la qualité de l'interprétation de Mme Cheval, enregistrée en mai 1977 par Patrice Lejeune à Saint-Laurent-en-Royans.

3 - La dentelle... et la marche

La version qui nous occupe en premier est interprétée par une dentellière. Cela n'est peut-être pas un hasard. Le "merle" peut en effet désigner une pièce de dentelle à réaliser, plus exactement un motif d'apprentissage. Cela peut donner une explication logique à la mystérieuse formulation "Je n'ai pas encore terminé...".

La chanson décrirait alors l'avancée laborieuse d'un travail de dentelle. Cette signification a été proposée par Christian Homeyer, fin connaisseur de la langue occitane et de sa culture.

Par ailleurs, la seconde version proposée, celle de Mme Cheval, se déroule sur un rythme de marche, et peut tout-à-fait servir à une "randonnée". Les chansons qu'on appelle "randonnée" présentent des répétitions ludiques, variables à l'infini, destinées à occuper le temps d'une marche nécessaire et qui peut être longue (tout le monde connaît le célébrissime : "un kilomètre à pied").

Le répertoire de tradition orale est rempli de ce type de chansons, du moins dont la forme est tout-à-fait adaptable à la randonnée. Les répertoires normands et bretons, par exemple, en sont très fournis.

4 - Apprentissage

La structure même de la chanson comme le chante Henriette Usson donne une indication sur une façon possible de la transmettre. Voilà notre proposition, que vous pourrez étoffer ou modifier selon vos besoins.

  • Se servir des répétitions 

La première phrase des couplets peut être systématiquement répétée de la façon suivante : le transmetteur commence et les apprenants répètent. La même chose peut-être appliquée à l'accumulation et au refrain.

  • Proposer des gestes

Il est tout-à-fait envisageable d'accompagner l'apprentissage de la chanson de gestes, indiquant par exemple simplement la partie du corps évoquée. Cela aura l'avantage d'éviter la traduction et de couper le déroulé de la chanson, de favoriser par la mémorisation visuelle l'appréhension des termes occitans.

  • Prendre confiance dans la prononciation de la langue

On pourrait étudier de façon précise les phonèmes utilisées par Henriette Usson afin d'approcher au plus près de la spécificités des consonnes et des voyelles de son parler. Mais ce n'est pas ce que nous proposons.

Les termes désignant les parties du corps en occitan sont dans cette chanson très proches phonétiquement des termes français. Ils sont donc à la fois très facile à comprendre et à prononcer. L'objectif n'est pas d'obtenir un parler très précis, mais de sensibiliser à l'occitan, de mettre en bouche quelques mots, et de montrer qu'on peut facilement le comprendre, sans traduction, juste avec quelques gestes.

5 - Fiche d'atelier - Méthode

La construction concrète de l'atelier, l'angle abordé, la forme de l'apprentissage va dépendre de plusieurs critères en fonction du temps, de la personne qui transmet et du public visé.

Il convient donc de définir : 

  • la version que l'on veut transmettre (celle d'Henriette Usson, celle normalisée de Quaus de Lanlà, ou encore celle en français de Mme Cheval)
  • le type de public 
  • la durée 
  • les outils 
  • la thématique et l'objectif 
  • le déroulé
  • les extraits à écouter et autres documents
  • les besoins techniques 
  • le nombre de participants